Et me voilà. Secouant mes fessiers dans un clip vidéo minable pour un pseudo tube de gangsta rap. Est-ce que j'avais passé le casting grâce à mes talents de danseuse, ou à ma délicieuse voix d'enfant de chœur? Bien sûr que non. J'étais là pour remuer mon corps, "de préférence de manière lascive". Je détestait chaque minute passée à faire çà. Mais bon, l'honneur, çà ne paie pas le loyer.
Et me voilà, collant mon cul à la caméra, quand le groupe d'apprenti chercheurs dans le labo en dessous de l'appart où l'on tournait se débrouillent pour désintégrer leur labo. Désintégration incluant leur plafond, qui est aussi notre plancher. J'ai été assommée par l'explosion, et je suis tombée dans un bac de bouillie radioactive.
A l'origine, ils recherchaient un remède à la calvitie masculine. Heureusement, je n'ai pas développé une fourrure de hamster sur tout le corps. Non, à la place, j'ai absorbé la radioactivité comme une éponge, et les parties de mon corps qui n'ont pas été calcinées ont commencé à irradier plus fort qu'un bidon de déchets radioactifs.
La boite de pharma qui finançait ces recherches a eu sérieusement la frousse de se prendre un gros procès. Ses avocats ont donc acheté mon silence avec un chèque qui me permettra de vivre dans le luxe au moins 200 ans. Mais ils ont aussi proposé de m'embarquer dans un programme spécial permettant de créer des super-humains.
J'avais perdu mes deux jambes, mon bras droit, et je tuais tout ce qui passait à ma portée à grand coup de radiations. Je me suis dit "çà peut difficilement être pire", donc j'ai signé.
Ils ont utilisé mon corps comme une batterie pour alimenter tout une flopée de machines manipulant la gravité, logées dans les prothèses remplaçant les membres que j'ai perdu. Je peux maintenant salement manipuler la gravité, et j'ai encore assez de radiation résiduelle pour empoisonner ce que je veux autour de moi. Ils y ont ajouté des ailes, et un réducteur de gravité, donc je peux aussi voler.
Une fois mon contrat avec eux terminé, j'ai commencé une carrière de mercenaire. Je bosse maintenant avec la police de Parangon, pour arrêter (ou, pour être honnête, plutôt tuer) les criminels. Je fais pas çà pour l'argent, étant déjà honteusement riche, mais juste pour le fun.
J'ai entendu à la radio il y a un bon moment que la boite de disque a pris un autre artiste pour sortir le morceau sur lequel je dansais. J'espère pour lui que çà marchera, mais je sais que ce morceau ne lui rapportera même pas un dixième de ce que ce clip m'a finalement rapporté.
"Du chaos nait l'harmonie", il parait. Dans mon cas, çà c'est vérifié. Ce boulot minable, mal-payé et dégradant a finalement été la meilleure chose qui me soit arrivée de ma vie.
Ceci est ma vie. Si vous me voyez voler au dessus de Parangon City, passez me saluer. Mais ne venez pas trop près, cependant. Je ne maitrise pas encore toujours l'émission de radioactivité.
J'ai finalement pris le nom de la chanson comme nom de héros. La chanson devait s'appeler "Baby got back". Un nom minable pour une chanson, d'après moi. Je ne vois même pas ce que c'était sensé vouloir dire. Par contre, çà tue pour un nom de héros, non?